in

Mon fils évoque la fugue : les signes à ne pas ignorer et comment réagir en tant que père

Il y a des mots qui cognent plus fort qu’une porte qui claque. Lorsque son propre fils évoque une possible fugue, un père se retrouve souvent pris entre la sidération, la peur et l’urgence d’agir. Ce n’est plus un adolescent comme les autres qui lance des menaces en l’air, c’est son enfant qui parle sérieusement de partir. Dans une société française où l’automne 2025 s’annonce déjà tendu pour bien des familles, entre la rentrée, les tracas du quotidien et les attentes scolaires, détecter l’alerte avant que tout explose n’a sans doute jamais été aussi crucial. Car si la fugue inquiète tant, c’est que derrière, il y a beaucoup plus qu’un simple besoin d’aventure : il y a un mal-être qui, s’il n’est pas entendu, peut vite pousser à commettre l’irréparable. Alors, comment repérer les premiers signaux, et surtout, comment réagir en père sans tomber dans la panique ou l’indifférence ?

Avant que tout n’explose : repérer les signaux d’alerte avant la fugue

Les phrases et attitudes qui doivent vous mettre la puce à l’oreille

Certains signes sont tout sauf anodins. On aimerait souvent croire qu’il s’agit d’une mauvaise passe, d’une crise parmi d’autres, mais il y a des phrases qui tiennent de l’appel à l’aide. Un ado qui glisse, même sur le ton de l’humour, des phrases comme « Je préfère disparaître, ici personne ne comprend » ou encore « J’en ai marre, je vais partir, au moins dehors ça ira mieux », ce n’est pas de la comédie. À cela s’ajoutent des attitudes nouvelles ou amplifiées :

  • Isolement répété dans la chambre
  • Refus de partager les repas, baisse soudaine d’appétit ou d’hygiène
  • Changements dans le cercle d’amis, ou absence de contacts
  • Disparition d’objets personnels, d’argent, ou création d’une cachette
  • Recherches internet suspectes sur « comment fuguer », « survivre sans argent », etc.

L’important, c’est de ne pas minimiser ces premiers indices sous prétexte que « tout ado fait ce genre de cinéma à un moment ou un autre ».

Quand la communication dérape : tensions, silence, mal-être…

Les conflits font partie du jeu, mais quand le quotidien se transforme en foire d’empoigne ou, à l’inverse, en silence de plomb, il ne faut plus détourner le regard. Le dialogue peut devenir brutal (« Fiche-moi la paix », « De toute façon tu t’en fous »), ou laisser place à une froideur inhabituelle. On sent que la connexion père-fils se délite, que les regards se croisent moins, que la moindre tentative pour comprendre se heurte à un mur. À la veille de l’automne, le sentiment de malaise peut s’accentuer, surtout si les résultats scolaires déçoivent ou si les amis s’éloignent.

L’importance du contexte : événements déclencheurs à surveiller

Un choc familial (divorce, deuil, disputes parentales), une humiliation à l’école, l’arrivée d’une nouvelle compagne à la maison, un déménagement récent… Tous ces événements sont des déclencheurs potentiels, particulièrement en cette période de rentrée scolaire où la pression s’accumule. On ne s’enfuit jamais « juste parce qu’on en a envie », il y a toujours une goutte de trop. Être attentif aux dates clés (veille de contrôle important, anniversaire d’un drame, etc.) peut aussi permettre d’anticiper les comportements à risque et d’intervenir avant que la situation ne dégénère.

Père, c’est le moment d’agir : adopter la bonne posture face à la menace de fugue

Garder son sang-froid et ouvrir le dialogue sans jugement

Facile à dire, moins à faire. Mais c’est le moment ou jamais de mettre de côté la peur et la colère, sans pour autant feindre l’indifférence. Le premier pas, c’est d’accueillir la parole de son enfant. Plutôt que de balayer son mal-être d’un « tu vas voir ce que c’est la vraie vie dehors », mieux vaut dire : « Je t’écoute, dis-moi ce qui te travaille ». S’installer à table, marcher ensemble, ou juste s’asseoir dans sa chambre, chaque espace est propice pour amorcer la discussion, sans exiger de réponses immédiates.

Instaurer une confiance solide pour briser l’isolement

La confiance ne se décrète pas, elle se construit. Évitez les jugements à l’emporte-pièce, les menaces, ou les ultimatums qui pourraient aggraver la situation. L’objectif est de montrer que quoi qu’il arrive, le foyer reste un lieu sûr. S’intéresser à ses passions, ses musiques du moment, ses envies du week-end, permet souvent d’ouvrir d’autres portes que celle de la confrontation classique père-fils. Sachez reconnaître, sans fausse modestie, lorsque votre fils partage une inquiétude ou un espoir, même minime.

Chercher du soutien sans perdre la main auprès de son enfant

Être père, ce n’est pas tout régler seul. Si la situation vous échappe, il n’y a aucune honte à solliciter de l’aide extérieure : famille élargie, amis de confiance, voire services compétents. Mais il ne s’agit pas de tout déléguer. Restez présent, impliqué, informez votre fils de vos démarches sans le trahir. Il comprendra que, même sous tension, la relation compte plus que les apparences.

Ce que notre réaction change : construire un après qui sécurise et rapproche

Éviter les pièges émotionnels qui aggravent la situation

Panique, colère, culpabilisation : les réactions à éviter absolument. Crier, fouiller ses affaires ou verrouiller la maison, ce n’est pas sécuriser, c’est braquer et précipiter l’inévitable. Prendre un peu de recul, respirer, laisse la place à des réponses plus justes, même face à l’impuissance.

Préserver le lien père-fils au-delà de la crise

La menace de fugue laisse rarement indemne. Mais elle n’est pas une fatalité. Exprimer vos craintes sans accabler, reconnaître vos propres failles et montrer votre attachement — sans conditions — est sans doute le vrai ciment de la reconstruction. Offrir du temps, même si tout n’est pas réglé, partager ensemble de petits gestes du quotidien (préparer un repas, bricoler, regarder un film) permet souvent de renouer le fil d’une relation fragilisée.

Mettre en place ensemble des solutions pour dépasser cette épreuve

Ce qui compte, c’est d’impliquer votre fils dans la réflexion autour des changements à opérer. Quelques pistes concrètes :

  • Fixer ensemble des règles et des exceptions, sans les imposer unilatéralement
  • Explorer des activités extra-scolaires qui valorisent ses capacités
  • Créer un espace de parole (même à fréquence irrégulière)
  • Envisager, si nécessaire, l’intervention d’une tierce personne neutre

Pour visualiser rapidement les démarches à suivre et les écueils principaux, voici un tableau pratique :

Étapes clésÀ faireÀ éviter
Repérage des signesObserver sans jugerMinimiser, banaliser
CommunicationÉcouter activementInterroger de façon intrusive
Gestion de la criseAgir avec calmeCéder à la panique
Après la criseBâtir la confiance, valoriserSurveiller à l’excès, reprocher

Comprendre et gérer la menace ou l’idée réelle de fugue chez un enfant ou un adolescent, ce n’est pas un mode d’emploi en trois actes. C’est cheminer ensemble, parfois dans la douleur, mais toujours avec l’idée que rien n’est écrit d’avance, et que chaque père a en main une bonne part de la solution.

Le cœur de l’automne est souvent propice au doute, aux tiraillements dans les familles. Pourtant, en restant ouvert et disponible à ces moments cruciaux, on peut transformer la menace en tremplin vers une relation renouvelée. La vraie sécurité n’est jamais dans les murs, mais dans la présence et l’écoute. Alors, face au prochain orage, serez-vous prêt à écouter plutôt qu’à réagir ?